Un marketing très politique. Ou peut être l'inverse ?
Chaque année, l’AACC (l’association professionnelle des agences conseils en communication) organise la Semaine de la publicité.
L’événement se tient au Palais de Tokyo et le thème central de cette année est Révolution : « la mutation créatrice est en route : une formidable opportunité pour les individus [vous remarquerez qu’on ne parle plus de consommateurs…], les médias et la création. Tout bouge, tout change, tout va plus vite, la révolution est en train de se faire sous nos yeux, qu’on le veuille ou non ».
J’étais donc hier matin à une conférence donnée sur le thème « Révolution des contenus et des contenants ».
Une chose m’a frappé : la similitude des discours entre monde politique et monde de la communication, et donc leur porosité croissante.
Quand Sarkozy nous parle de "rupture tranquille", l’Aacc nous parle de "révolution".
Quand Ségolène nous parle d’écouter les citoyens, les marketeux nous parlent d’écouter les consommateurs...
Une similitude qui témoigne d’au moins deux choses.
Un, le monde politique est de plus en plus un exercice de représentation, où le poids des mots et le choc des images, la course au bon mot qui sera repris par mes médias, ont pris l’ascendant sur la réflexion, le doute, mais aussi une certaine humilité. Dès lors, il n’est pas étonnant de voir nos principaux candidats à la présidentielle trouver conseil auprès de professionnels de la communication, entre autres : ainsi de Ségolène Royal avec Nathalie Rastoin, ou de Nicolas Sarkozy avec Jean-Michel Goudard.
Il suffit de voir les efforts de Sarkozy pour mettre en scène sa déclaration de candidature de ce jeudi, nous parlant de « surprise », d’un « scénario de rencontre directe avec les Français ». Sarko en Une de tous les quotidiens régionaux par exemple ?
Remplacez Sarko par n’importe quelle marque et c’est pareil : il faut dialoguer avec les consommateurs, engager la discussion, être à l’écoute, les surprendre, attiser …
Deux, il est toujours frappant de voir des professionnels de la politique, ou de la communication, en place depuis de nombreuses années, voir décennies, revendiquer la rupture, la révolution, le changement.
Car enfin, le grand changement, il vient des citoyens, qui sont aussi des consommateurs. Ceux-ci n’attendent plus l’avis des élites pour changer de point de vue sur la politique, ni celui des marques pour savoir quoi consommer. Et oui le monde change.
Et la grande difficulté devient : comment incarner le changement, la révolution, quand on a rien vu venir, ou si peu ? Comment appréhender la diversité sociale à travers des outils d’analyse qui datent tous d’après-guerre ? Voilà un beau chantier stratégique et créatif qui s’ouvre.