La prison bouge t'elle dans le bon sens ?
"La prison change, changez-la avec nous". C'est la signature d'une pub que j'ai vu samedi soir sur France 2. Elle a pour objectif la promotion de la campagne de recrutement de surveillants de prison. C'est une campagne qui date de 2003, mais qui est rediffusée en ce moment. La pub est visible ci-dessous. Ce qui me frappe dans cette pub, c'est le décalage ressenti entre le ton presque badin du discours, au service de l'idée que la prison change et la réalité telle qu'elle émerge à travers les différentes sources accessibles. Alors la prison change t'elle, ou du moins a-t-elle changée depuis 2003 ? Le premier témoignage frappant que j'ai découvert est le bouquin publié par Catherine Herszberg, journaliste qui a passé quatre mois à l'unité psychiatrique hospitalière de Fresnes. Un bouquin sidérant, qui plonge le lecteur dans la détresse quotidienne que vivent les condamnés malades, et par ricochet les surveillants. Quelques extraits d'un article du Monde, pour planter le décor: "Parmi les entrants, 12 % sont sans domicile fixe, 54 % sans travail, 72 % ont quitté l'école avant 18 ans, 40 % lisent difficilement ou pas du tout, 40 % n'ont reçu aucun soin dans l'année précédant l'incarcération. On peut poursuivre, la liste est loin d'être close : 1 sur 7 a fait une tentative de suicide dans les douze mois passés, 80 % fument au quotidien, 30 % disent boire trop d'alcool (au moins cinq verres par jour), 33 % se droguent, 15 % sont traités par des psychotropes, 10 % sont polytoxicomanes, 34 % ne sont pas affiliés à la Sécurité sociale...". D'autres sources ? Le témoignage d'un ancien taulard, dans Le Parisien, qui dit tout haut ce que beaucoup savent: que la prison est la loi de la jungle, où les faibles deviennent des loques et les délinquants deviennent des caïds. Un témoignage qui a fait du bruit, au point de susciter une demande d'enquête parlementaire sur la question. Une énième. Quoi d'autre, ah oui, l'étude réalisée par l'Observatoire des prisons (OIP) auprès des détenus. Et il y a maintenant quelques années, le bouquin témoignage de Véronique Vasseur, médecin-chef à la Santé. Bref, beaucoup beaucoup de sources qui tendent plutôt à montrer que la prison bouge peu. Tout ça pour dire que voir fin 2006 une pub qui nous explique que la prison bouge témoigne d'une réelle myopie!
1 commentaires:
Le spot sonne creux; ce jeune faux gardien modèle vante les qualités requises pour son métier comme les bienfaits du dernier yaourt du génie malfaisant Danone. J’ignore le contenu de la formation proposée aux futurs gardiens, néanmoins, j’imagine que les difficultés générées par une telle promiscuité ne sont pas de nature à rendre le maton à l’écoute des détenus très longtemps ! … mais enfin, qui choisit réellement de devenir un jour surveillant de prison ? comment faire cohabiter chez ces hommes et ces femmes l’esprit militaire/revanchard et une réflexion psychologique adaptée à chaque prisonnier ?
Ce n’est plus de la myopie cela… c’est du foutage de gueule !
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