L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

09 mars 2007

Silly minds



Le landerneau des créatifs pubarisiens se délecte depuis une dizaine de jours sur le fait de savoir si la dernière campagne de publicité SFR réalisée par l’agence Leg est un vulgaire plagiat du générique d’un non moins obscur film de skate board.
Alors voyons les objets du litige : le film SFR puis le fameux film de skate.







Les pourfendeurs se scandalisent du fait que la musique est identique, Mr Blue Sky d’Electric Light Orchestra, et que l graphisme est similaire, ce qu'on ne peut nier.
Un graphisme qui est une copie de l’univers graphique des Monthy, lui-même fortement inspiré des travaux de Peter Cook, Alan Bennett, Jonathan Miller, Dudley Moore et d’autres. Eux-mêmes sans doute inspirés par d’autres encore…
Bref, certains reprochent aux créatifs de Leg d’avoir de la culture, ce qui semble effectivement être une denrée rare au vu de la production publicitaire française.
Le film SFR est effectivement un hymne à l’univers graphique des Monty Pythons. Et alors ?
On peut aussi rappeler que SFR avait été condamné, ainsi que son agence de l’époque, pour une pub qui avait contrefait « Le 5eme élément » de Besson. Et alors encore ?
Sur un plan stratégique, cette campagne est nettement plus en affinité avec les attentes émotionnelles des consommateurs que ne le sont de nombreuses autres campagnes de téléphonie mobile. Alors moi je dis, bravo Leg!
Tout ce débat repose à mon avis sur un malentendu durable : le créatif serait un artiste.
Eh bien non, le créatif n’est pas un artiste ! C’est un créatif, et la créativité comme l’explique le sociologue Ronald S. Burt, professeur à l’Université de Chicago, c'est autre chose: « creativity is an import-export game. Its’ not a creation game ».
Autrement dit, le créatif n’a pas le monopole de la créativité (sans parler de l’artistique…) mais a la capacité (qui se travaille, ce n’est pas inné) à relier une inspiration - quelle qu’elle soit - à une problématique de communication, et si possible de façon créative (un terme à définitions multiples).
Alors pour revenir à ce débat, à mon humble avis vide de sens, il est avant tout révélateur de cette spécificité du milieu créatif et publicitaire français. Le créatif ne peut qu’avoir des idées qui sortent de sa petite tête, c’est bien connu, puisqu’il est un peu artiste. Et un artiste, c’est bien connu, ça ne plagie pas. Le vilain mot, plagiat, qui tout de suite fait entrer dans la cour des grands, des artistes, des vrais…
S’il y a bien un art dans la création publicitaire, c’est bien celui de savoir relier et mettre en perspective des éléments qui auraient pu sembler incongrus au quidam moyen.
Et ce site de Toyota, plagiat ou pas ?
Allez, un original pour conclure, à vertu thérapeutique…
visuel en provenance de W+K et illustrant leur positionnement agence...


3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Bonne initiative de Chryde qui a réalisé sa propre version SFR/Gilliam et invite chacun à en faire autant. Enfin de la pub participative ! / http://www.chryde.net/blog/2007/02/il_faut_dire_me.html

10:34 AM  
Anonymous Anonyme a dit...

La publicité ne crée rien surtout. J'ai pondu une petite note sur ce spot SFR qui me plait bien en tant qu'objet publicitaire mais qui me pose le même problème qu'avec Iggy Pop, il y a quelque mois : à qui parle-t-on avec toutes ces références ? qu'à des quadras pétris de culture pop ?
Une lectrice me rappelle aussi la référence à Yellow Submarine. alors qui pompe qui ? Quant aux Monty Python, c'est un must dont je ne me lasserai jamais. Inutile de te rappeler qu'ils ont inventé le mot spam…

3:01 PM  
Anonymous Anonyme a dit...

Le débat restera, c'est l'ambigüité des medias, on refuse que l'art s'immisce dans la publicité et vice versa. Effectivement c’est une horreur. Mais on vend un produit ou un service dont on n’a pas besoin, on pollue la tête et on essaie de faire croire. Alors l’artifice, c’est le principe. C'est bien ce que tu dis. Quand on attaque, il ne faut pas se tromper de cible. La publicité est une conséquence.

8:27 PM  

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