J'ai commencé hier le dernier livre de J. G. Ballard,
Millenium People.
Auteur entre autres, de Crash, repris au cinéma par David Cronenberg, James Graham Ballard est réputé pour son sens de l'anticipation sociale.
Après
Super Cannes, son précédent roman, Ballard nous entraîne à Londres, dans la Marina de Chelsea, où vient d'éclater une révolte. Une horde de cadres, issus de la classe moyenne supérieure, libérale, vient de détruire par le feu tout ce qui les représentent: symboles d'opulence, belles voitures et maisons, pour s'en aller vivre sur les routes.
On peut y voir un clin d'oeil au phénomène des Travellers, qui se développa début 90 en Grande Bretagne.
Mais il s'agit aussi d'une critique féroce d'une société du
spectacle de la consommation, qui nous ramène à un autre livre,
Du statut social, d'Alain de Botton, qui parle entre autres de l'estime de soi.
L'estime de soi, nous dit William James, psychologue américain du milieu du XIX, pourrait être définie comme le résultat de ses Succès divisé par ses Prétentions.
Or, nous vivons dans une société pas particulièrement propice à l'abandon de ses prétentions, bien au contraire.
Nous vivons ainsi dans une société, qui à travers cette hausse constante des prétentions, rend toujours plus difficile la conservation d'une estime de soi.
Et nous retrouvons notre classe moyenne Ballardienne qui affirme: "
Nous n'aimons pas le genre de personnes que nous sommes devenues"...