Le bonheur low-cost pour tous ?
Marketing Magazine de février propose un long papier sur le bonheur, titré "Le bonheur sous pression".
Partant du constat que l'aspiration au bonheur est devenu un impératif social, voire un modèle économique dans nos sociétés, le magazine interroge plusieurs universitaires et professionnels de la communication sur le sujet.
Pour Stéphanie Jolivot, DGA de MediaEdge:CIA, "le bonheur est devenu un modèle économique à part entière et le terrorisme du bonheur déferle sur les sociétés modernes". Bigre! Quant à Monique Large, du cabinet Dezinéo, "cette recherche du bonheur est étanchée en surface par une consommation boulimique d'instants de plaisirs". Gilles Lipovetsky se demande si le fait de consommer trois fois plus d'énergie (voir post sur les écrans plats) nous rend pour autant trois fois plus heureux...
Le plus virulent - ou lucide des intervenants étant l'universitaire Jean Salem qui dénonce une dictature du "bonheur guimauve": "une nébuleuse [...] qui les téléporte vers un Disneyland idéologique dans lequel un bonheur presque exclusivement privé fait d'égotisme, d'adrénaline, et accessoirement de sagesse à deux sous, tient le rôle de bouée de sauvetage".
Et d'enfoncer le clou: "La Lunaparkisation de grands pans des sociétés développées, la dissolution des êtres humains dans l'animalité festive, les gros et gras bonheurs de la fiesta, l'univers du stroboscope et du synthétiseur, les soirées télévisées confiées à quelques schtroumpfs caritatifs qu'accompagnent des rires enregistrés, la chape de foot qui est tombée sur ce monde de plomb: ce sont là quelques uns des symptômes les plus "ludiques" et les plus "conviviaux" d'une époque qui finira bien par s'achever". Arrêtez le massacre!
Et pourtant, tous les sondages indiquent que les Français nagent dans le bonheur.
En décembre 2005, un sondage réalisé par CSA pour Challenges magazine nous apprend que 84% des français se déclaraient heureux.
Heureux au point que plus de trois millions de français sont aujourd'hui atteints de dépression, 20 millions à l'échelle européenne, comme le souligne un article des Echos.
Bref, le bonheur par la consommation et l'avoir va devoir laisser un peu plus de place à l'être. Pour paraphraser Hulot, un peu moins de biens pour un peu plus de liens.
1 commentaires:
Tout cela part d'une erreur première : le but de la vie (ou de l'existence) n'est pas le bonheur. Le bonheur est au mieux une conséquence. Ce serait intéressant de mesurer l'impact des publicités qui promettent le bonheur commme conséquence par rapport à celles qui promettent la réalisation de soi, par exemple.
Depuis que le bonheur est mesuré (ça fait plus de vingt ans que je lis des études là-dessus), il y a toujours la même conclusion : le bonheur est indépendant du revenu.
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil