L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

20 novembre 2006

Nous sommes les masses



Un très intéressant papier de Charles Leadbetter dans le Times revient sur l’impact social d’Internet. Avec une thèse centrale : les grandes réussites du Net, de Google à YouTube en passant par Wikipédia, valident un nouveau modèle de business, qui ne repose plus sur un management vertical, mais sur l’utilisation de l’intelligence et de la créativité collectives, rassemblées autour d’un mode collaboratif.
Le succès de Google repose sur sa capacité technique à ordonner l’intelligence collective des internautes : c’est le nombre de liens crées par les internautes vers une page qui détermine son degré de pertinence. Le lien équivaut alors à un vote qui confirme l’intérêt de la page comme réponse à la question.
Le succès de YouTube repose lui sur une idée simple : donner la capacité aux amateurs et professionnels de la vidéo la possibilité d’héberger gratuitement en ligne et de partager leurs contenus vidéo. Et c’est le public qui vote pour ce qu’il aime. Raison pour laquelle on voit davantage (pour l’instant…) d’inconnus que de stars sur le site. Du statut de spectateur, l’individu peut passer facilement à celui de producteur ou participant.
Le succès de Wikipédia repose sur la mobilisation structurée des compétences des internautes sur tous les domaines possibles.
Bref, la plupart des grandes réussites culturelles et économiques du web (sans parler de Linux, de la création du mp3…) reposent sur un modèle collaboratif.
D’après l’auteur, nous entrons donc dans l’ère du We-Think.
Le développement de nouveaux modes de création et d’innovation passe par des phénomènes de masse. La masse se structure par elle-même et ne dépend plus d’organisations verticales et de hiérarchies peuplées de gens « qui savent » pour les autres…
Le succès de Second Life confirme cette tendance : 95% du contenu du jeu est créé par les résidents. Il ne s’agit plus d’entrer dans un monde déjà fini, mais de participer à une nouvelle ruée vers l’Ouest, virtuelle certes, mais qui démontre chaque jour un peu plus son influence croissante sur la réalité.
D’une production de masse pour une consommation de masse, où les travailleurs de semaine se transforment en consommateurs le weekend, on est passé à une toute autre attitude, privilégiant la créativité personnelle : il s’agit dorénavant d’être l’acteur de ses actions, d’être une voix – rendue audible par les nouvelles technologies – dans les conversations.
De ne plus être seulement un consommateur, mais un participant (qui accessoirement consomme aussi, mais cela change tout pour les communications de marques…).
Hier, l’innovation et la créativité dépendaient d’élites ; la création allait de haut en bas via des médias qui transformaient l’individu en spectateur passif du « c’est ça ou rien ».
Aujourd’hui, les processus de création et d’innovation deviennent accessibles au plus grand nombre (voir le bouquin d’Eric Le Boucher, De la culture en Amérique, qui met en avant une certaine forme démocratique d’accès et de pratiques culturelles).
Dans un monde devenu totalement marchand et vénal, où plus grand-chose ne se fait gratuitement (malheureusement), ces changements auront des conséquences croissantes sur nos modes de consommation.
Le consommateur n’attend plus d’être « traité comme un roi » et de se voir offrir un choix toujours plus exponentiel. Non, aujourd’hui, il souhaite davantage être entendu, écouté.
Et oui, aussi incroyable que cela puisse paraître, le consommateur peut aussi vouloir consacrer une part de son temps et de son imagination à essayer de réfléchir à des produits, de partager des idées, des améliorations…
Dans une société de consommation de masse qui montre de façon toujours plus criante ses limites et impacts négatifs sur notre environnement de vie, cet irrésistible attrait pour le mode collaboratif va forcément rentrer en conflit croissant avec le système économique des grandes entreprises. Linux contre Microsoft, YouTube contre les traditionnels médias de l’image. Avis aux marques malignes...Pub! (source illustration)

1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Ce qui me frappe le plus dans les nouveaux modèles est l'absolue simplicité de l'offre ou de la solution proposée.

11:57 PM  

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