L’Inpes a lancé début novembre une nouvelle campagne de communication qui vise à alerter les consommateurs sur le fait que de nombreux aliments, bien souvent transformés, contiennent du gras, du sucre ou du sel, sans que cela aille de soi. Des aliments salés contiennent plein de sucre et inversement, sans parler du gras qui se cache bien souvent dans l’allégé…
Une campagne qui répond à des enjeux de santé publique fondamentaux, puisque par exemple l’abus de sel développe de graves problèmes d’hypertension et donc des risques d’AVC.
A titre d’info, la quantité de sel nécessaire à une bonne santé est de l’ordre de 0.5g. par jour alors qu’un individu lambda vivant dans un pays industrialisé et dégustant donc de la nourriture elle aussi industrielle, consomme environ 10g par jour…
Du coup, une question tout conne se pose : mais pourquoi donc les industriels de l’agroalimentaire déversent-ils autant de sel dans leurs produits (fromage, céréales, biscuits, lait en poudre, boissons, chocolat…) ?
La réponse est simple, ce n’est qu’une affaire de gros sous. Le sel retient l’eau, et de ce fait permet d’augmenter sensiblement le poids des aliments (en gros, vous achetez une portion l’eau salée à la place du produit).
De plus, mais c’est un autre sujet, les grands groupes pharmaceutiques sont ravis de cette situation, les médicaments contre la tension étant un business juteux…
Et c’est là que l’histoire dans l’histoire commence.
Le Canard Enchaîné de cette semaine revient sur cette campagne en révélant que le SNPTV (syndicat national des régies publicitaires des chaînes TV) a adressé un courrier au Ministère de la Santé pour l’informer de l’intention des chaînes de télé de boycotter la diffusion des trois films. Relayant ainsi le point de vue des entreprises agroalimentaires et de leur lobby, l’Ania. Une démarche doublée d’une lettre du directeur général de l’alimentation au Ministère de l’Agriculture à l’intention de la directrice de l’Inpes, pour s’élever contre les spots jugés « anxiogènes, confusants et très attaquables sur le plan du respect de la concurrence, puisqu’ils jettent l’opprobre sur quelques produits : ketchup, céréales du petit déjeuner et barres chocolatées ».
Au final, l’opération de lobbying a échoué par crainte de fuites dans la presse. A ce jour, seul le Canard s’est donc fait l’écho de cette histoire.
Et nos grandes marques agroalimentaires de continuer d’invoquer la confiance des consommateurs dans leurs produits toujours plus sains.
Une histoire qui repose les limites du discours de la transparence et de la responsabilité des entreprises.
Qu’en pensez-vous ?