Hortefeux ou l’indignité nationale
Ainsi l’ami Brice s’engage sur un pacte de « tranquillité nationale ». Et d’ajouter qu’ « il y aura autant de lois que de problèmes à régler » et qu’il « n’hésitera pas à porter plainte quand les forces de l’ordre sont accusées à tort ».
Le meilleur ami de trente ans du président, meilleure des recommandations possibles et faisant œuvre de certificat de compétence, semble au quotidien s’exercer dans un concours de cours de récré avec son ami Besson.
C’est à celui qui ira plus loin, plus vite, plus fort dans la bêtise, la démagogie poujadiste, la posture revancharde de celui qui prétend défendre les faibles et les opprimés.
Qu’est-ce donc que la « tranquillité nationale » ?
Hortefeux nous répond par l’ambition de garantir « une vie paisible et tranquille à tous les honnêtes gens, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, dans nos quartiers et nos campagnes ».
Dormez tranquilles braves gens, l’ami de la vidéosurveillance érigée en panoptique socialement inefficace, sera à vos côtés pour prodiguer de la tranquillité au quotidien.
Tranquille comme à Montauban où il faut péniblement un mois à la police pour enfin se préoccuper d’interpeller les suspects crétins racistes et connus de tous, auteurs d’une bastonnade en règle.
Tranquille comme peuvent l’être ceux qui bénéficient d’une impunité de fait au quotidien, régulièrement dénoncée par Amnesty International.
Tranquille enfin comme l’ami Brice pour qui l’absence de port de cravate semble l’autoriser à régulièrement déraper verbalement, comme encore à Seignosse cet été.
Et si c’était l’intranquillité qui pouvait nous sauver, à l’instar du titre du livre de Fernando Pessoa, « le livre de l’intranquillité » ?
En voici un extrait : “Il chantait, d’une voix très douce, une chanson venue d’un pays lointain. La musique nous rendait familiers les mots inconnus. Cela évoquait le fado pour notre âme, mais ce chant ne lui ressemblait en rien.
La chanson disait, d’après ses phrases voilées et sa mélodie si humaine, des choses qui se trouvent dans l’âme de chacun de nous et que personne ne connaît. Il chantait dans une sorte de somnolence, ignorant du regard les auditeurs, perdu dans une petite extase de coin de rue.
Les gens attroupés l’écoutaient sans moquerie apparente. La chanson appartenait à tout le monde, et les mots quelquefois nous parlaient, secret oriental de quelque race perdue. On n’entendait rien des bruits de la ville, qu’on entendait pourtant, et les carrioles passaient si près que l’une d’elle frôla un pan de ma veste. Mais, si je la sentis, je ne l’entendis pas. Il y avait une intensité dans le chant de l’inconnu qui venait caresser ce qui rêve en nous, ou tente de rêver sans y parvenir. C’était un fait divers de la rue, et nous avons tous aperçu l’agent de police qui venait de tourner lentement au coin de la rue. Il s’est approché avec la même lenteur, et est demeuré immobile derrière le petit vendeur de parapluies, comme s’il apercevait quelque chose. A ce moment, le chanteur s’est arrêté. Personne n’a rien dit. Alors l’agent est intervenu.”
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