L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

06 novembre 2009

Une campagne qui ne manque pas de sel



L’Inpes a lancé début novembre une nouvelle campagne de communication qui vise à alerter les consommateurs sur le fait que de nombreux aliments, bien souvent transformés, contiennent du gras, du sucre ou du sel, sans que cela aille de soi. Des aliments salés contiennent plein de sucre et inversement, sans parler du gras qui se cache bien souvent dans l’allégé…

Une campagne qui répond à des enjeux de santé publique fondamentaux, puisque par exemple l’abus de sel développe de graves problèmes d’hypertension et donc des risques d’AVC.

A titre d’info, la quantité de sel nécessaire à une bonne santé est de l’ordre de 0.5g. par jour alors qu’un individu lambda vivant dans un pays industrialisé et dégustant donc de la nourriture elle aussi industrielle, consomme environ 10g par jour…

Du coup, une question tout conne se pose : mais pourquoi donc les industriels de l’agroalimentaire déversent-ils autant de sel dans leurs produits (fromage, céréales, biscuits, lait en poudre, boissons, chocolat…) ?

La réponse est simple, ce n’est qu’une affaire de gros sous. Le sel retient l’eau, et de ce fait permet d’augmenter sensiblement le poids des aliments (en gros, vous achetez une portion l’eau salée à la place du produit).

De plus, mais c’est un autre sujet, les grands groupes pharmaceutiques sont ravis de cette situation, les médicaments contre la tension étant un business juteux…

Et c’est là que l’histoire dans l’histoire commence.

Le Canard Enchaîné de cette semaine revient sur cette campagne en révélant que le SNPTV (syndicat national des régies publicitaires des chaînes TV) a adressé un courrier au Ministère de la Santé pour l’informer de l’intention des chaînes de télé de boycotter la diffusion des trois films. Relayant ainsi le point de vue des entreprises agroalimentaires et de leur lobby, l’Ania. Une démarche doublée d’une lettre du directeur général de l’alimentation au Ministère de l’Agriculture à l’intention de la directrice de l’Inpes, pour s’élever contre les spots jugés « anxiogènes, confusants et très attaquables sur le plan du respect de la concurrence, puisqu’ils jettent l’opprobre sur quelques produits : ketchup, céréales du petit déjeuner et barres chocolatées ».

Au final, l’opération de lobbying a échoué par crainte de fuites dans la presse. A ce jour, seul le Canard s’est donc fait l’écho de cette histoire.

Et nos grandes marques agroalimentaires de continuer d’invoquer la confiance des consommateurs dans leurs produits toujours plus sains.

Une histoire qui repose les limites du discours de la transparence et de la responsabilité des entreprises.

Qu’en pensez-vous ?

3 commentaires:

Blogger Lamia a dit...

Le problème n'est certes pas nouveau mais on commence à peine à en parler! C'est hallucinant de voir à quel point les consommateurs n'ont aucune idée de ce qu'ils mangent vraiment ou préfèrent ne pas y penser car pour une majorité qui fait réellement confiance aux marques, certains se disent que s'ils commencent à trop y regarder ils ne mangeront plus rien ou alors du tout bio inaccessible à leur bourse! Or le problème n'est pas là : il est temps que le conso lambda se réveille un peu, des solutions existent pour une alimentation certes processée mais plus saine! Pour ma part, en tant que conso : je décortique les étiquettes (oui ca prend 3 plombes au supermarché!), meme si c'est dur d'avoir ttes les infos sur la nature des composants qui se cachent derrière des noms obscurs et leur proportion reelle... Au final, c'est vrai, je limite au maximum les aliments "industriels". Je suis loin d'etre une control freak pourtant je considere que je n'ai pas le choix si je veux m'alimenter convenablement... Je pense que ce genre de débats autour de l'alimentation ne fait que commencer : on va en apprendre encore pas mal sur les process de fabrication, les ingrédients utilisés par les grands groupes! Heureusement le souci d'une alimentation plus saine semble devenir une tendance de fond, malheureusement il y a encore une grande fracture sociale et les populations les moins favorisées sont les premières "victimes" davantage par manque d'infos qu'à cause du manque d'argent car en fin de compte ca ne coute pas plus cher de bien (enfin de mieux!) manger, mais ca prend plus de temps, c'est tout...

1:56 PM  
Blogger Unknown a dit...

Autre intérêt non négligeable du sel dans les aliments industriels : c'est un puissant exhausteur de goût. Otez-le et il ne vous restera que le goût de carton des pizzas et des plats préparés.

L'éducation au goût et à l'odeur est un très chouette levier pour faire basculer la bouffe industrielle dans le bas à ordures. Ca marche avec les enfants.

Merci le Canard. Ils ont une rubrique spéciale consacrée à l'alimentation (Conflit de canard), je suppose que l'info sur la campagne anti-sel-et-gras vient de là.

4:40 PM  
Anonymous David a dit...

Ah ah, il y a aussi une autre raison sur la présence du sel, mais aussi valable pour le sucre: Tout devient miraculeusement "mangeable" ! Moi qui fréquente des cantines et non des moindres, celles d'un grand service de l'Etat, je puis vous assurer que ça aide vraiment. Petit retour d'expérience sur les bonnes attitudes en terme d'alimentation : cours d'introduction au marketing que j'illustre par le marché porteur du bio et un exemple d'un point de vente à Montreuil. Réflexe unanime des élèves "Ouuuèch le bio, jamais de la vie, ça c'est pour vous les profs !..." Réponse: "Quand je me délecte d'un bon Chawarma, ce n'est pas bio mais je fais malgré tout attention à mon alimentation et ce n'est pas qu'une question de prix. Ou plutôt, dois-je dépenser mieux pour mon alimentation et moins pour mon portable tactile, ou l'inverse ?! Fin des débats.
Pour finir, je propose de créer un résal social pour l'implantation du hard discount bio, la cocotte Sb à moins de 30€ et la gratuité du confit.

8:21 PM  

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