Le luxe austère, un retour aux fondamentaux?
Une étude récente prédit une baisse du marché du luxe de 10% en 2009.
Le marché du luxe a subi de profondes transformations ces dernières décennies.
Historiquement réservé à une petite classe d'ultra-riches, le luxe s'est progressivement transformé en appellation fourre-tout capable de proposer des produits à la vaste classe moyenne.
Une démocratisation qui s'est accompagnée d'une valorisation exacerbée de la marque et du logo, parfois au détriment de la qualité et du savoir-faire.
Cette tendance répondait à un besoin des consommateurs de s'emparer de produits riches en signes distinctifs et valorisants. Le logo a progressivement supplanté la qualité, faisant ainsi office de label de luxe. C'était la génération Parce que je le vaux bien...alors pourquoi pas moi...si l'autre, etc.
Mais aujourd'hui, c'est la crise!
Et la crise change considérablement les habitudes d'achats et donc les achats de produits dits de luxe.
Acheter des produits de luxe n'est plus en odeur de sainteté: on se cache online pour visiter les boutiques des grandes marques, on troque sa Rolex contre une breloque moins voyante, on hésite à afficher, tant bien même on en a encore les moyens, les signes extérieurs communs de la richesse.
Car les riches, ma bonne dame, en tant de crise, ils sont quand même un peu responsables!
Le luxe est devenu honteux.
Le luxe se cache désormais. Trop d'étalage clinquant de richesses nouvellement acquises (ces fameux nouveaux riches qui oublient vite qu'ils étaient d'anciens pauvres la veille), trop de craintes vis-à-vis de la situation économique.
Lagerfeld, qui n'est pas le dernier à savoir anticiper les tendances, nous parle ainsi de "new modesty".
Face à l'exhibitionnisme galopant des dernières années, les créateurs reviennent à plus de retenue, de modestie, et donc bien souvent de bon goût.
La sur-consommation à outrance, le gaspillage ne sont plus de mise.
A preuve, cette récente initiative de Fendi. A l'occasion du salon de Milan, Fendi présente en partenariat avec Design Miami , Craft Punk, une initiative qui vise à revaloriser le savoir-faire artisanal, socle essentiel des vraies marques de luxe.
L'idée est parti de la remarque d'un visiteur des ateliers Fendi à Florence, qui s'étonnait de la quantité importante de chutes de matérieux nobles, cuirs, métaux, qui étaient jetés faute d'utilité dans le processus de fabrication des pièces.
A partir de ce constat s'est élaboré Craft PUnk: créer un espace qui propose à une sélection de jeunes désigners de s'emparer de ces chutes pour en faire de nouveaux objets ou oeuvre d'art, en s'appuaynt sur l'expertise unique de 10 artisans de Fendi.
Une démarche intelligente, qui revient aux sources des métiers du luxe: l'assemblage de la créativité et de la contrainte au service de pièces uniques, porteuses de valeurs pérennes.
Plus d'infos ici
3 commentaires:
Génial ! Je suis tout à fait d'accord avec toi sur ton analyse du luxe, sauf que pour moi ce luxe "non ostentatoire", confidentiel, à la fois plus personnel et plus qualitatif, est une tendance qui a commencé (certes plus discrètement) fin 90 en réaction au luxe mass marketing. Par contre ce qui est nouveau c'est la démarche responsable qu'entreprennent ces marques de luxe... encore une stratégie différenciante, c'est vrai, mais bienvenue. D'ailleurs tu vas au salon 1.618 ?
Je n'avais pas entendu parler de ce salon mais le thème m'a l'air intéressant.
Un autre exemple de rough luxe, avec l'hôtel du même nom qui vient d'ouvrir à Londres: http://www.roughluxe.co.uk/
Lagerfeld me fait un peu rire avec son "new modesty". Lors d'un récent passage à Paris, je l'ai vu passer dans un Hummer. Ou alors c'est qu'on a pas la même définition de "modesty"...
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