Qu'un seul objet vous manque...
Martin Hampton a réalisé il y a un an un documentaire autour d’individus entretenant des rapports aux objets oscillant entre passion et pathologie.
On y découvre des individus dont l’espace vital est submergé d’objets : appareils électroniques détenus en multiples exemplaires, livres, emballages plastiques et papiers qui s’accumulent par centaines, voire produits habituellement jetés, tels que flacons vides, rouleaux de PQ usagés et autres cotons démaquillants.
Filmé à la fois avec empathie et distance, le documentaire nous renvoie à nos propres rapports aux objets.
Qu’est-ce qui est indispensable, qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Dans un monde où paradoxalement l’abondance entraîne des envies de vide et de frugalité, ces objets qui nous entourent, dont nous arrivons ou pas à nous séparer, que l’on préserve précieusement en en attendant une éventuelle utilité, ces objets nous renvoient à nos mécanismes profonds de fonctionnement et de rapport à la vie ou à la mort.
Je me suis retrouvé par exemple dans cet homme du début de reportage, qui d’une façon presque maniaque, recense l’ensemble de ses livres, films sur des listings informatiques. Me renvoyant à mes propres tentatives de lister les quelques centaines de disques vinyls et non moins centaines de CD. Pour quelles raisons et quelles attentes ? Envie de pouvoir présenter à ses amis un document où ils pourront faire leur choix, à l’instar d’une bibliothèque ? Besoin de se rassurer, de mettre en chiffres et colonnes une masse de contenus avant tout immatériels, artistiques ? Ou encore posture flatteuse visant à mettre en forme structurée et visible la diversité des styles musicaux et de leurs interprètes accessible ?
Pareil pour ces objets que l’on trouve, dans la rue ou ailleurs, et qui auront forcément une utilité, un rôle à jouer, dans une vie future…Et qui prennent la poussière gentiment, occupant un espace restreint par nature.
C’est le talent de ce documentaire que de nous montrer, derrière ces comportements confinant aux obsessions pathologiques, tout ce qui se joue psychologiquement. Toute cette charge et décharge émotionnelle que l’on transfère sur ces objets, insignifiants pour certains et éléments structurants du quotidien pour d’autres.
Qu'en pensez vous ?
POSSESSED from Martin Hampton on Vimeo.
A voir de préférence en HD et full écran.
2 commentaires:
Société de consommation... quand tu nous tient !
Merci de m'avoir permis de decouvrir ce joli petit reportage.
Mon avis :
l'homme a toujours aimé posseder. Comme d'habitude, certains sont submergés par cette pulsion.
Le listing des dvd ou des livres, je dirai que c'est un peu un moyen d'etre sur de ne pas en egarer/oublier, le plaisir de "faire de tour de sa propriété" et de constater/certifier qu'elle est grande et belle et aussi celui de partager ses gouts/valoriser ses possessions :)
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