Jour de grève

CPE ou pas CPE ? Le moins qu'on puisse dire, et sans se prononcer - pour l'instant - sur le fond, c'est que la méthode employée par le gouvernement pour faire passer cette loi restera sans doute comme un modèle de non dialogue avec les principaux intéressés - jeunes, étudiants et syndicats. Présenté comme un dispositif d'aide à l'emploi des jeunes, le CPE version Villepin est en quelque sorte l'institutionnalisation de la difficulté à trouver un premier emploi pour ces mêmes jeunes. Il ya quelques mois, le mouvement initié par les stagiaires, souvent sur-diplomés, avait déjà attiré l'attention sur ce phénomène: la précarisation économique et professionnelle de centaines de milliers de jeunes à qui on a répété pendant des années qu'il fallair faire des études, souvent longues, pour avoir la chance d'avoir un vrai métier, stable. Mais la réalité est moins séduisante et le diplôme, parfois obtenu au prix d'efforts importants, se révèle de peu de valeur dans un univers économique qui privilègie la réflexion à court terme. Le stage devient alors bien souvent la porte d'entrée principale dans le monde de l'entreprise. Et faire un stage, pourquoi pas, jusqu'à un certain âge, et dans l'optique de valider des compétences acquises. Mais le stage a bonne presse dans les entreprises: main d'oeuvre qualifiée, motivée, rafraîchissante et très bon marché. Le stagiaire devient ainsi une variable d'ajustement économique de plus dans les politiques de ressources humaines des entreprises. Si le CPE a pour ambition de s'attaquer aux effets pervers du système de stagiaires à très longue durée, alors pourquoi pas. Mais on peut en douter et voir le CPE comme une énième attaque du droit du travail, au motif de la fameuse défense de la compétitivité des entreprises. Embaucher un jeune pour une durée déterminée, dans des conditions fiscales intéressantes, et s'en séparer sans avoir à expliciter les motivations, est-ce vraiment celà qui va permettre à la France (qui rappelons le, est dans le trio de tête en terme de chômage des jeunes en Europe) de renforcer sa position économique ? On peut en douter. On peut voir au contraire dans le fait que les jeunes français s'expatrient de plus en plus (les jeunes de moins de 35 ans représentent aujourd'hui la moitié des 2.2 millions d'expatriés français dans le monde), un camouflet cruel pour les politiques de l'emploi des jeunes, de ces dernières années. Alors non au CPE! Et oui à l'emploi des jeunes. Et pour se détendre, une petite Busherie.