L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

16 janvier 2006

C'était un temps...



Et oui, ça devait arriver. Avec l'irruption massive des nouvelles technologies dans les pratiques culturelles, le rapport à la création culturelle a été chamboulé. Tenez, prenez la musique par exemple. Auparavent, enfin il y 10 ou 15 ans, pour acheter de la musique, il fallait aller chez Gibert Jeunes, Dacapo rue des Ecoles ou ailleurs, et se plonger littéralement dans les disques vinyles. Pour en trouver un, deux ou trois, il fallait passer en revue des centaines de disques sans grand intérêt. Et c'était là tout l'intérêt: apprendre à chercher, trouver l'édition originale, décrypter les liens entre artistes, repérer la présence de tel autre musicien et négocier les prix. C'était une quête dont on ne revenait pas toujours victorieux, mais toujours enthousiaste. De retour à la maison, on nettoyait soigneusement les microsillons à l'alcool et c'était l'instant T: tient-on une bombe entre les mains, va-ton pouvoir annoncer victorieusement aux amis la découverte d'un nouveau groupe, d'une nouvelle découverte musicale! Bref, c'était le bon temps.
Alors qu'aujourd'hui, avec l'utilisation massive d'Internet dans les pratiques musicales, tout a radicalement changé. Aujourd'hui, on a (ou pas en ce qui me concerne) un iPod, avec au bas mot quelques milliers de morceaux, qu'on est obligé d'écouter de façon aléatoire ne sachant pas par où commencer. On est ainsi passé d'une écoute active, où l'on pouvait identifier des cheminements, des progressions, des évolutions musicales, à une écoute totalement passive, aléatoire, une sorte de juke box permanent. On ne sait pas ce qui va sortir du chapeau! Bref, le plaisir n'est plus le même. Et c'est une étude en provenance d'Angleterre (un pays qui n'est pas avare de grands groupes musicaux) qui nous le dit tout net: "le téléchargement par Internet et les lecteurs Mp3 ont créé une génération de personnes qui n'apprécient pas sérieusement la qualité de morceaux ou créations musicales" La trop grande accessibilité à la musique rend celle-ci comme un dû, une sorte de service qui irait de soi, comme l'électricité par exemple. La musique serait devenue une simple commodité!
Ainsi, on ne s'emballe plus sur la musique elle-même mais sur l'outil ou la technique qui permet sa diffusion. Devenu un banal produit de consommation, pourquoi irait-on perdre son temps à dénicher la perle rare ou s'enthousiasmer de façon un peu trop violente pour une découverte musicale.
Voilà, c'était notre rubrique: de l'effet des nouvelles technologies sur l'apathie musicale.

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