L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

11 février 2009

Responsabilité sociale des entreprises, jusqu'où ?



L'individu est de plus en plus partagé entre deux dimensions de proportions inégales qui coexistent en lui, une dimension consumériste et une dimension citoyenne.

A mon sens, la dimension consumériste a pris le dessus dans bien des cas sur la dimension citoyenne. Et pendant longtemps, il était de bon ton de dire que le bonheur était dans la consommation.
Car nous vivons dans un système libéral basé sur un mode de consommation de masse qui favorise la suprématie de cette dimension: des prix toujours plus bas, une offre exponentielle, des marques pour certaines aspirationnelles et enfin une sollicitation permanente par la communication.

Mais ce système entraîne mécaniquement un affaiblissement de notre dimension citoyenne qui suscite de nouvelles angoisses: quel est l'impact social et environnemental de notre mode de consommation; dans quelles conditions sont fabriqués les produits que nous consommons quotidiennement; finalement quelle Terre laissons nous à nos enfants et petits enfants ...
Le bonheur est de moins en moins dans la consommation.

Du coup, l'individu frustré par ce déséquilibre qui influe forcément sur son bien être, cherche à rééquilibrer ces deux dimensions qui coexistent en lui en réinjectant davantage de citoyenneté dans sa dimension consumériste.
Comment ? Par une exigence accrue vis-à-vis des marques, sommées d'apporter des preuves de leur responsabilité sociale et environnementale, mais aussi d'être plus transparents, d'opter pour des comportements responsables. C'est la fameuse consommation responsable

Ainsi, et c'est devenu le cri de cœur de tous les publicitaires, il est urgent de replacer le bien social et le sociétal au cœur de l'appareil industriel et productif des entreprises, et de le faire savoir par la communication (qui prend aujourd'hui des formes qui vont bien au-delà de la publicité). C'est de bonne guerre et les publicitaires sont payés pour cela.
Mais jusqu'à quel point cette démarche est-elle possible ou souhaitable ?
Car tout publicitaire que je sois, n'empêche pas de se poser des questions citoyennes.

Robert Reich, ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, a un avis sur la question, qu'il détaille dans son livre récemment traduit, SuperCapitalisme.

A la question de savoir si le concept de responsabilité sociale des ent">Quand les entreprises revendiquent une attitude socialement responsable, et quelles que soient les initiatives qu'elles mettent en place pour s'en réclamer, elles sont toujours motivées par un désir d'améliorer leur image. Cela ne rend pas pour autant leur action insignifiante. Une entreprise peut réellement investir des sommes très importantes dans l'énergie verte ou la lutte contre le sida. Mais ces actions peuvent tromper le public en laissant croire que les entreprises font déjà tout ce qui est nécessaire pour réduire ces maux et qu'il n'y a donc pas lieu de s'impliquer d'avantage. Le citoyen peut en effet estimer que les actions des pouvoirs publics contre le réchauffement de la planète ou les conséquences néfastes du sida ne sont donc pas nécessaires car redondants. Mais la réalité est tout autre : seuls les gouvernements et la coopération entre les gouvernements peuvent agir suffisamment à grande échelle pour apporter des réponses efficaces à ces fléaux."

Alors que penser ?
Il serait hypocrite de considérer que toute action d'entreprise à but "social" ne se réduit qu'à une posture d'image, mais inversement et comme le disait avec élégance le magnat Cornelius Vanderbilt "The public be damned"!

Alors, que doit faire l'État dans ce contexte ? N'est-ce effectivement pas à lui de fixer les règles du jeu capitaliste (bien qu'en déplaise à Dame Parisot) ?
N'est-ce pas à l'État de dire ce qu'il est possible de faire ou de ne pas faire et libre ensuite aux entreprises, dans ce cadre défini, de mener autant actions "sociales" qu'elles le souhaitent ?
Car à trop laisser les entreprises préempter le champ du bien public, non seulement on dévalorise le rôle de l'État en lui déniant ses responsabilités en ce domaine mais on se dupe aussi
sur la réelle capacité des entreprises à remplir ce rôle: ce n'est pas le but d'une entreprise dans un système capitaliste tel que nous le connaissons.
Des avis sur la question ?

2 commentaires:

Blogger LeXeul a dit...

des débuts de réponses par ici ? http://www.greenmarketingconference.co.uk/

10:53 AM  
Anonymous Anonyme a dit...

Je ne suis pas sur que l’investissement des entreprises dans les sphères environnementales et sociales dévalorise le rôle de l’Etat et donne le sentiment aux individus que les actions responsables de ces dernières « suffiront à faire le job ».
D’un point de vue historique, la causalité semble aller dans le sens inverse : c’est le gigantesque appel d’air entraîné par le désinvestissement de l’Etat et le désaveu du concept d’Etat Providence qui invite les entreprises à s’engouffrer dans un vide qu’évidemment elles ne rempliront jamais.
L’action des entreprises est presque indifférente ou anecdotique face à la crise profonde qui paralyse l’Etat et remet en cause sont concept même : étendue de ses prérogatives, financement de ses actions, comptabilité avec les institutions supra-nationales, etc.

En revanche l’idée d’ « encadrer » les actions responsables par un plan de l’Etat est extrêmement intéressante.

Le développement durable renvoie par définition à des enjeux systémiques face auxquels il est indispensable de coordonner les efforts : le social, l’environnemental, l’économique, et la démographie ne peuvent être pensés séparément, et chaque initiative isolée peut avoir des effets globaux contre-productifs (l’enfer comme on dit est pavé de bonnes intentions).

Sans qu’il s’agisse nécessairement de légiférer, l’Etat pourrait produire des guidelines générales dans lesquelles les organisations viendraient piocher pour inspirer leurs projets. Au lieu que chacun travaille dans son coin, elles permettraient ainsi de créer des effets de synergie entre les actions des diverses entités impliquées (collectivités, actions, associations, voire individus, etc.).

Mais quoi qu’il en soit, il faut veiller à ne pas décourager les initiatives particulières par une réglementation trop contraignante. Quelques soient les intentions qui les sous tendent, et l’aspect limité de leur efficacité, elle sont toujours préférables au néant…

3:30 PM  

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