Miles Again

Pour ceux qui connaissent l'album Live-Evil de Miles Davis(album live enregistré en décembre 1970 à Washington) , la sortie de The Cellar Door Sessions sera une révélation. C'est un peu un conte de Noël. Une semaine avant Noël 70, Miles est en club, entouré d'une formation renouvelée: Keith Jarrett vient remplacer Chick Corea, qui part vers les aventures de Return To Forever. La rythmique, somptueuse, est assurée par le batteur Jack DeJohnette, Airto Moreira aux percus et en provenance direct du Stevie Wonder Band, le jeune bassiste de 19 ans Michael Henderson. Rajoutez y au sax alto et soprano Gary Bartz, en remplacement de Steve Grossman et vous pouvez lancer la mayo. Le coffret Cellar Door capture donc en live quatre soirées données au club du même nom à Washington. Le premier set débute par le morceau de Joe Zawinul, Directions, et on est immédiatement séduit par l'intense densité sonore de l'interprétation. On a l'impression d'être face à un générateur haute tension de groove. Grosse basse funky bien en avant, un sens du silence, de la compression de l'espace qui laisse pantois. Miles et ses acolytes sont en grande forme, dans ce petit club qui leur laisse toute liberté d'expression musicale. Le public, à peine audible entre deux thèmes, est concentré. Ecoutez par exemple la transition entre Directions donc et le deuxième titre Yesternow, une merveille d'intelligence, de pétillance, de connivence musicale. Mais mieux vaut laisser la musique parler pour ellle-même, car comme le disait le regretté Eric Dolphy "When you hear music, after it's over, it's gone in the air. You can never recapture it again"...