L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

18 mars 2008

Histoires de loges











Les loges d’artistes sont souvent l’objet de tous les fantasmes. Mais que se passe-t-il donc dans ces lieux, coulisses de concerts - on parle alors de backstages, ou lieux réservés à l'intimité des artistes - les fameuses loges.
Sur un plan technique, la venue d’un artiste renommé implique en général la prise en compte d’un Rider, liste rattachée au Technical Rider (liste des équipements techniques demandés par le groupe) et qui établit les volontés de l’artiste – ou de son management, en matière de nourritures terrestres. Pour ceux qui ne savent pas à quoi ressemblent ces documents, le site The Smoking Gun en donne un bon aperçu. Ainsi de 50 Cent, qui pour sa tournée 2007, demande un lunch pour 45 personnes, un dîner pour 75 personnes – le tout étant bien évidemment cuit du jour, sans préjuger de ce qu’il faut spécifiquement pour la loge de 50 Cent, entre autres une boite de cigares cubains…
Bref, les artistes ont leurs exigences, leurs manies, qui ne sont pas forcément proportionnelles à leur talent. Je dirais même par observation et sauf exception, que le degré d’exigence d’un artiste en tournée est bien souvent inversement proportionnel à son talent.

Quelques souvenirs donc. Il y a ceux qui sont des adeptes réguliers du démontage de loges, au sens physique. Ainsi de Van Morrisson, dont je me souviens avoir vu débouler son Tour Manager nous demandant, que dis-je nous suppliant d’intervenir pour calmer ce cher Van qui était en train de retourner sa loge après un concert.
Ou encore le souvenir des flight case personnels (contenant vêtements de scène et affaires personnelles) de ZZ Top, des sortes de malles cabine renforcées qui se dévoilaient comme un ersatz d’album photo ambulant. Un groupe comme ZZ Top devait enchaîner à l’époque une centaine de concerts par an, cela laisse peu de temps auprès des siens. Le flight case devient alors le réceptacle de tous les souvenirs, familiaux, rencontres avec des célébrités, photos de vieilles voitures, une façon de promener son petit monde à soi par delà le grand monde.
En parlant de ZZ Top, une autre anecdote me revient. Se produisant en 1996, le trio disposait avec lui de splendides amplis Orange, au nombre de trois superposés l’un sur l’autre. Les deux premiers très lourds à manier, et le troisième étonnamment léger ! C’était en fait un faux ampli Orange, en mousse et muni d’une petite pile pour alimenter le voyant lumineux sur le devant de l’ampli. Vu du public, on n’y voyait que du feu, le troisième était juste là pour en mettre un peu plus plein les yeux. C’était très amusant.

Et enfin Al Green. Je l’ai vu en 1999. J’assistais au concert par l’entrée de scène latérale. Son accompagnatrice était là parmi d’autres personnes, mais elle me semblait un peu inquiète à l’approche de la fin du concert. Me renseignant, elle me dit avoir besoin de quelqu’un pour raccompagner Al à sa loge à la fin du concert, en le tenant fermement par la main. Et de l’expliquer que le chanteur, profondément religieux, sort généralement de scène dans un tel état de transe qu’il lui faut regagner au plus vite sa loge. Et c’est effectivement ce qui s’est passé. A peine sorti de scène et me tenant fermement la main, je me retrouve avec Al Green en coulisses, entouré d’admiratrices en attente d’autographes, et l’accompagnant jusqu’à sa loge. Dont il ressortira un peu plus tard plus chic qu’un milord.
Affiche de Shigeo Fukuda.


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